Thursday, January 17, 2008

Porte-parole de l'OII en Belgique

Porte-parole de l'OII en Belgique : René Cabaret

No. de GSM: +32 O477 84 34 97

Contact pour la Belgique : Tanguy Pinxteren
Mail: tanguy.pinxteren@skynet.be

Contre les Blackfaces sexistes

par Curtis E. Hinkle
© 2008

Vidéoclip sur les spectacles en blackface et les implications de cette marchandisation de stéréotypes
http://www.youtube.com/watch?v=1kc4EwD5hoA

Changer son corps ne change pas nécessairement l'identité de la personne. Cette notion est essentielle pour l'activisme intersexe. Si non, les opérations subies par les enfants intersexués seraient de plus en plus faciles à justifier.

Je veux parler un peu des dérives sexistes que je n'aime pas personnellement et je vois beaucoup de rapprochement entre ces dérives sexistes et les dérives racistes que l'on a vus aux États-Unis avec les spectacles en blackface.

Je vois souvent des convergences de lutte entre le racisme et le sexisme. En ce qui concerne les personnes intersexuées, victimes d'un système sexiste brutal qui nous vole nos corps et nos genres, il y a des risques de dérives sexistes de toutes sortes quand on essaye d'échapper à cette invisibilisation totale de notre existence en tant qu'êtres humains à part entière.

Ce fut le cas des esclaves noirs aussi. Il y avait des personnes qui se croyaient bien intentionnées qui sont responsables de graves dérives racistes qui n'aidaient pas les Noirs à mettre fin au racisme. Malheureusement, ces dérives racistes ont retardé leur libération des plantations dans le Sud et ces mêmes stéréotypes sont profondément enracinés dans la mentalité collective de la nation. Les images, les spectacles sont parfois extrêmement puissants et toute propagande se sert d'une iconographie comme support du message véhiculé car cela est efficace et plus immédiat et durable que les mots tous seuls.

Il faut noter que je parle spécifiquement du spectacle, de l'exhibitionnisme, de la prolifération d'une iconographie axée sur le corps freak et pas du tout des choix personnels des personnes intersexes ou leur manière de s'habiller ou d'accentuer ce qu'ils trouvent le plus positif dans leur propre apparence ou leur manière de vivre leur intersexualité. Je me limite exclusivement au spectacle et aux œuvres iconographiques et artistiques.

“Des comédiens, le visage noirci à l'aide d'un bouchon brûlé ou blackface, ont commencé à faire leur apparition sur la scène américaine vers la fin du XVIIe siècle ; ils incarnaient habituellement des serviteurs dont le rôle n'était autre que d'apporter un intermède comique [1] dans lequel il s'agit, tout de même, de faire rire en singeant le "Noir des plantations". Il faut préciser que le terreau du ménestrel blackface n'est pas le Sud profond esclavagiste mais le Nord abolitionniste.” [2]

On croit à tort que les spectacles en blackface ont leurs origines dans le Sud profond des Etats-Unis. “En 1922 encore se tenait sérieusement dans les pages du New York Herald un débat pour trancher si c'étaient les Noirs ou les Blancs qui étaient les meilleurs pour jouer les Noirs. Et il faut se souvenir que le ménestrel était né du climat anti-esclavagiste du Nord affranchi, dans la ville la plus sophistiquée et la plus cosmopolite d'Amérique.” [3]

Les personnes qui commençaient à faire ces spectacles étaient des blancs qui voulaient aider les esclaves et leur idée des noirs étaient d'une personne gaie, serviable, gentille, musicale, etc. Ils ont commencé à faire des spectacles en "blackface" mais ce qu'ils ont fait c'était la marchandisation de stéréotypes et les acheteurs de leurs produits, c'était les blancs qui continuaient à contrôler le marché. Ensuite, les noirs eux-mêmes ont du faire des spectacles en blackface s'ils voulaient présenter leur talent à un public majoritairement blanc: une invisibilisation encore plus invisibilisante.

C'est pareil à mon avis quand une personne agrandit sa clito-bite, devient exhibitionniste et commence à parler des questions intersexes comme si sa clito-bite choisie et aggrandie avec l’aide de la testo a quelque chose à voir avec la problématique de l’intersexuation. C'est un stéréotype. La plupart des personnes intersexuées n'ont pas de clito-bites. Si une personne veut faire cela, je n'ai rien contre mais faire cela pour en faire un produit artistique ou faire de l’exhibitionnisme qui réduit l'image d'une personne intersexuée à une telle iconographie c'est à mon avis comme les personnes qui agrandissaient leurs lèvres et faisaient des spectacles en blackface. Ces personnes ne devenaient pas Noirs et l'exagération renforçait les stéréotypes et nous souffrons toujours des effets de cette propagande artistique.

[1] http://fr.wikipedia.org/wiki/Utilisateur:Shakki/Traduc

[2] D'Emett Miller à Eminem : Chanteurs blancs, coeurs noirs ?
http://orta.dynalias.org/archivesrouge/article-rouge?id=4460

[3] Blackface :au confluent des voix mortes par Nick Tosches p. 19
Éditions Allia, Paris, 2003.

Cet article est sur le site de l'OII:
http://www.intersexualite.org/Curtis.html#anchor_27

Friday, September 22, 2006

Une première pour l’Europe

Les personnes intersexes et intergenres se réunissent à Paris

C’est à Paris qu’ont eu lieu les 1ères universités d’été des Intersexes et Intergenres d’Europe du 16 au 19 août derniers. J’y ai participé en tant que représentante pour la Belgique et le Luxembourg de l’OII (Organisation Internationale des Intersexes) qui existe depuis plusieurs années déjà et est présente dans de nombreux pays, et aussi en tant qu’administratrice du Réseau InterGenre-InterSexe. Ce Réseau a été créé il y a un an dans le but d’informer de façon générale ou plus spécifique sur les questions relative à l’intersexe et à l’intergenre, mais surtout pour que les personnes concernées, les familles, les partenaires, l’entourage aient un espace - même virtuel – où se rencontrer, s’exprimer et trouver un soutien solidaire.

Etre lesbienne, être attirée par les femmes, c’est ce que l’on appelle l’orientation sexuelle.

L’identité sexuelle, c’est le physique de la personne, c’est par exemple être une femme ou un homme. Ou être intersexe, quelqu’un entre les deux, comme c’est le cas des personnes qui ont des organes génitaux dits « ambigus », de certaines femmes d’apparence plus ou moins masculine, de certains hommes qui on l’air peu virils …

Le genre, c’est comment on se sent à l’intérieur : homme, femme, ou quelqu’un-e qui n’est ni l’un, l’autre. Ou un peu des deux. Ou homme et femme en même temps.

La plupart des personnes intersexes et/ou intergenres ne sont pas et ne se considèrent pas comme malades. Il s’agit d’une variation naturelle et d’une autre possibilité existentielle.

Il est difficile de chiffrer le nombre de personnes concernées. Au minimum, il s’agit de 1,5 à 4 % de la population, ce chiffre s’élevant jusqu’à 15-20 % selon l’inclusion ou l’exclusion de certaines conditions d’intersexuation.

Il est vrai que tout est fait pour que l’existence des intersexes soit rendue invisible : mutilations chirurgicales à la naissance, imposition d’un des deux sexes sans le consentement de l’enfant, traitement hormonal forcé, stérilisation non consentie, éducation forcée dans un des deux rôles sociaux binaires, non reconnaissance des échecs et des erreurs de ces pratiques par le corps médical, les services sociaux et éducatifs, les autorités judiciaires et politiques.

Humiliations, maltraitances, violences, viols, honte, exclusion et rejet font partie du quotidien d’un grand nombre.

Depuis quelques temps, les intersexes et intergenres se sont regroupé-e-s pour revendiquer le droit à l’autodétermination de leur identité de sexe et de genre, l’accès à des soins librement choisis et la reconnaissance de leur droit à une existence sociale et culturelle.

C’était donc une importante première que ces quatre journées sur la problématique de l’intersexualité, qui ont permis aux gens de se rencontrer et de s’exprimer. Pour certain-e-s, c’était la première fois de leur vie qu’i-elles rencontraient des personnes s’identifiant clairement (et fièrement !) comme intersexes et intergenres. Par ailleurs, il faut souligner la variété et la qualité des interventions aussi bien des représentant-e-s d’associations que des universitaires (anthropologues, sociologues, médecins, …) de divers pays comme la Suisse, la Grande-Bretagne, la France, la Belgique, le Luxembourg, le Québec, le Brésil.

La prochaine rencontre internationale sera organisée à Lausanne en septembre 2007.

Une émission de radio sur ces thèmes peut être écoutée sur internet sur http://bistouriouioui.free.fr/ (émission du 17 août).

(Ce texte a été publié dans la Newsletter du 20 septembre 2006 d’Activ’Elles www.activelles.be)

Thursday, September 07, 2006

RESEAU INTERGENRE - INTERSEXE


RESEAU IG-IS


Rue Notre-Dame 5, B-6800 Libramont (Belgique) - Tél : ++ 32 (0)473 44 54 69 - ++ 32 (0)61 22 53 62


L’un des grands mythes de notre culture veut que tous les enfants puissent être identifié-e-s à la naissance en tant que « mâle » ou « femelle » (sexe biologique), qu’i-elles grandissent tous et toutes en faisant preuve d’un comportement « féminin » ou « masculin » (identité sexuelle), qu’i-elles vivent en tant que « femme » ou « homme » (rôle social) et qu’i-elles marient une femme ou un homme (orientation affective hétérosexuelle) ; mais la réalité est toute autre.

La société est de plus en plus consciente de l’existence de personnes dont l’identité de sexe et de genre diffère des normes sociales admises. L’émergence de cette réalité va de pair avec la connaissance des difficultés auxquelles ces personnes doivent faire face : traumatismes physiques et psychologiques (suite notamment à des traitements médicaux dans l’enfance), difficultés dans le milieu familial et social, discrimination à l’école et pendant les études, sur le lieu de travail, harcèlement, violence, viols, refus d’accès à certains services, risque de suicide plus élevé, de toxicomanie et de pauvreté,…

Intersexe / intersexualité ?

Les termes « intersexe » ou « intersexualité » renvoient à certaines variations du développement génital dit « normal » :

  • Une personne disposant d’un génotype (chromosomes) mâle (XY) pourra avoir, à la naissance, des organes génitaux qui ne sont pas complètement masculinisés. Très étendues, les variations morphologiques et anatomiques peuvent aller jusqu’à des organes génitaux qui ne sont pas du tout masculinisés.
  • Une personne disposant d’un génotype femelle (XX) pourra naître avec des organes génitaux qui ne sont pas complètement féminisés. Etendues également, les variations peuvent faire apparaître des organes génitaux d’apparence masculine.

Ces variations congénitales se retrouvent le plus souvent classifiées dans le cadre des « malformations » ou « anomalies » génitales ; des « désordres » du développement sexuel, des « maladies » face auxquelles la médecine propose divers traitements regroupés dans le domaine de la chirurgie et de l’endocrinologie.

La plupart des personnes intersexes et intergenres ne sont pas et ne se considèrent pas comme « malades ».

En d’autres mots, la classification binaire «mâle/femelle», «homme/femme » est trop réductrice et les variations bien plus vastes que l’on ne le pense.

Etre intersexe est une autre possibilité existentielle.

L’intersexe ne concerne pas que le corps, mais aussi la façon dont nous nous percevons à l’intérieur de ce corps.

Intergenre ?

Certaines personnes, qu’elles soient de sexe intermédiaire ou pas ou apparemment pas, ne trouvent pas leur place dans le système classique binaire « homme/femme ». Elles se situent quelque part sur le continuum dont à une extrémité se trouvent les êtres humains féminins et à l’autre, les êtres humains masculins, ou en dehors de continuum.

Une personne intersexe peut se déterminer homme ou femme. Un homme ou une femme peut se sentir quelque part entre les deux, se sentir l’un et l’autre en même temps ou ne pas trouver de place ce qui revient à ne pas avoir de genre.

L’identité de genre étant une part cruciale de l’identité des personnes, il est primordial que chacun-e ait le droit à l’autodétermination et puisse choisir de se trouver à l’une ou l’autre extrémité ou quelque part sur le continuum ou en dehors de celui-ci.

Les causes

L’étiologie des diverses conditions rassemblées sous le nom d’intersexe et d’intersexualité varie suivant que l’on s’intéresse à l’une ou à l’autre. Néanmoins, les causes sous-tendant les dysfonctionnements du développement uro-génital peuvent renvoyer à des facteurs :

  • Génétiques : par exemple, anormalités chromosomiques (45 XO -> Syndrome de Turner), (47XXY -> syndrome de Klinefelter
  • Hormonaux : par exemple production d’hormones mâles par les glandes surrénales (-> hyperplasie congénitale des surrénales) ; déficits dans la biosynthèse des androgènes (-> cryptorchidie, hypospadias) ; déficits dans l’action des androgènes (-> syndrome d’insensibilité aux androgènes ; déficit en DHT)
  • Chimiques : par exemple certains médicaments
  • Environnementaux : par exemple, agents chimiques dans l’eau contenant des propriétés œstrogéniques ou anti-androgéniques

Sunday, September 03, 2006

Édith Nagant – Intergenre et fier-e de l’être


Édith Nagant de l'OII-Belgique et Luxembourg a participé aux 1ères Universités des Intersexes et des Intergenres à Paris cet été. Vous pouvez écouter une émission en ligne sur :

http://bistouriouioui.free.fr/OII_17aout06/OII_17aout06.htm

Friday, September 01, 2006

Pourquoi la communauté intergenre est-elle si importante pour la communauté intersexe?

par Curtis E. Hinkle
Traduit de l’anglais par Édith Nagant, OII-Belgique et Luxembourg

Souvent les personnes parmi nous qui sont intersexuées et qui manifestent aussi leur identité intergenre sont marginalisées non seulement par la société au sens large, mais aussi par la communauté intersexe. Il est temps que nous prenions la place qui nous revient et exprimions nos propres opinions sur l’importance de notre présence. Nous devons nous extérioriser et résister aux tentatives d’effacement de notre identité à la fois à l’intérieur du mouvement intersexe et aussi en dehors de celui-ci. Notre intégration dans la société est cruciale pour mettre fin à l’oppression sous-jacente subie par beaucoup de personnes en raison de leurs différences et pas seulement par la communauté intersexe.

Une des raisons invoquées par les militants intersexes pour rejeter celles et ceux d’entre nous qui sont intergenres est que nous sommes insignifiant-e-s parce que nous représentons une minorité. D’abord, comment le savent-ils/elles? Regarder uniquement dans son petit cercle d’ami-e-s intersexué-e-s et extrapoler des généralisations d’après une communauté très fermée, est très trompeur. Il existe de très nombreuses personnes dans le monde entier qui s’identifient comme intergenres. Je n’accepte pas le postulat que celles et ceux parmi nous qui ont une identité intergenre sont une minorité. Et même si nous l’étions? Est-ce une raison pour nous rejeter ainsi que nos problèmes? Si c’est ainsi, alors la société peut parfaitement et avec raison rejeter les intersexué-e-s puisque d’après la définition donnée par les experts, il s’agit d’une toute petite catégorie de personnes.

Si de soi-disant “spécialistes" définissent l’intersexuation d’une manière tellement limitée, c’est afin d’effacer à peu près toutes les ambiguïtés qui ne confirment pas la catégorisation binaires du sexe qui a été construite dans notre société. C’est la même raison qui pousse les gens, y compris les militant-e-s intersexes, à effacer l’intergenre. Ils/elles ne sont pas plus à l’aise avec une ambiguïté de genre que la société ne l’est vis à vis d’une sexuation ambiguë. Mais, qu’est-ce qui est vraiment ambigu, une identité intergenre ou les définitions que nous utilisons pour définir le genre? Pour la même raison que l’intersexuation est vue comme ambiguë, l’ambiguïté de genre attribuée aux individus intergenres ne vient pas de la personne mais bien du point de vue binaire erroné avec lequel les autres nous considèrent.

Une autre raison inquiétante pour laquelle de nombreux militant-e-s et "spécialistes " rejettent l’intergenre est le résultat direct de leur insistance sur une définition très essentialiste de ce que c’est que d’être intersexué-e. Apparemment ils/elles ont un intérêt particulier à exclure le plus possible de personnes de leur catégorie "spéciale". Ceci peut paraître très bizarre pour un groupe aussi marginal que celui des intersexué-e-s, mais c’est un fait. Pourtant, le danger pour le mouvement intersexe ne vient pas de la communauté intergenre, mais des idées particulièrement essentialistes concernant l’intersexuation que de nombreux militants propagent, basées sur des définitions biologiques et pathologiques qui non seulement effacent notre existence, en étant tellement limitatives, mais justifient également l’élimination de toute "ambiguïté" et aussi de toute forme d’intersexuation.

Personne n’a de problème avec l’idée que la plupart des gens qui ont une identité de genre masculine sont de sexe masculin et personne ne le conteste. N’est-ce pas une supposition rationnelle que la plupart des personnes qui ont une identité intergenre sont en fait intersexué-e-s (c’est-à-dire de sexe intermédiaire)? Je le pense. Devrais-je exiger des preuves médicales qu’i-elles sont intersexué-e-s? C’est absurde. Je ne demanderais jamais qu’un homme ou une femme me fournisse une preuve médicale qu’il ou elle est bien un homme ou une femme. Cela servirait à quoi? Homme, femme et intersexué-e ne constituent pas une catégorisation discrète. Il n’y a pas de limite claire entre la fin d’une catégorie et le début d’une autre. Pourquoi ne pas laisser la personne me dire qui et ce qu’i-elle est? Je pense que la personne elle-même serait beaucoup plus exact qu’un quelconque expert extérieur qui, très probablement, considère l’intersexuation comme une pathologie rare comme le font la plupart des experts médicaux – un point de vue qui n’est pas scientifique et que les généticiens n’acceptent pas.

Si nous voulons agrandir notre communauté et notre visibilité, la communauté intergenre est essentielle. Il n’est pas possible d’exister socialement sans avoir un genre. Le genre est comment nous nous percevons en relation avec les autres dans un contexte social. En d’autres termes, c’est notre interprétation la plus basique de notre place d’après ce que nous ressentons et comment nous nous identifions au plus profond de nous-mêmes. Minimiser l’intergenre est l’une des méthodes les plus efficaces pour faire disparaître la communauté intersexe parce que cela perpétue le refus de voir la diversité naturelle et l’intolérance qui sont parmi les principales causes des mutilations génitales des intersexué-e-s et des autres points de vue pathologiques de l’intersexuation. Ne serait-il pas plus sain pour la société de se préoccuper des variations existant dans la population humaine plutôt que de continuer à voter des lois, à prendre des décisions médicales et à faire intrusion dans notre vie privée afin d’imposer des normes qui ne correspondent pas à la plupart des gens? Je crois que ce le serait et ce faisant, nous déconstruirions de plus la structure binaire de la sexuation qui est à la base du concept binaire de genre.

Une autre contribution importante que les militant-e-s intergenres apportent à l’activisme intersexe vient de leur insistance à être considéré-e-s entièrement comme des personnes, pas seulement comme des corps. La présence des personnes intergenres nous oblige de détourner notre attention du corps et de la notion essentialiste de qui nous sommes pour un concept plus basique de comment nous nous percevons réellement et où nous trouvons notre place. Les militant-e-s intersexes qui restent focalisé-es principalement sur le corps et sur les traumatismes subis oublient souvent d’intégrer les besoins de la personne qui se trouve dans ce corps une fois adulte. Pour ces activistes, l’identité de genre ne sert pas à grand-chose finalement.



On ne peut pas être considéré comme humain et intersexué-e légalement. Pour exister légalement comme être humain, il faut être categorisé-e soit comme homme soit comme femme. En entendant ce que disent les intergenres, on commence à comprendre la frustration d’être réduit-e-s au silence et mutilé-e-s psychologiquement dans ce système binaire. Il faut nous permettre de parler pour nous-mêmes et d’insister sur le fait que non seulement l’intersexuation existe mais l’intergendérisme aussi – le genre d’une grande partie de l’humanité. De plus en plus de personnes se rendent compte qu’elles sont ni hommes ni femmes, mais intergenres. Leur solidarité envers nous permettra d’éliminer une bonne partie de la stigmatisation associée à l’intersexuation aussi.

Voici sans doute la contribution la plus importante des militant-e-s intergenres. Nous obligeons clairement la société à prendre en compte le fait qu’il n’y a pas que notre corps qui est mutilé. Notre identité l’est aussi souvent. C’est quelque chose que beaucoup de gens peuvent comprendre parce qu’il est évident pour une grande partie de l’humanité que la construction sociale actuelle binaire du sexe et du genre les opprime et les empêche de devenir réellement et totalement eux-elles-mêmes comme membres à part entière de la société. Ceci fait augmenter notre visibilité et la solidarité des autres dont nous avons tant besoin pour survivre. La plupart des gens savent que les stéréotypes de genre sont dangereux et que cela n’affecte pas que les personnes intersexes. Nous invitons nos plus proches allié-e-s que sont les intergenres à se joindre à nous. I-elles comprennent l’effacement dont nous sommes l’objet, le silence qui nous est imposé. Si chacun-e est seulement un homme ou une femme avec une identité masculine ou féminine, alors à quoi sert vraiment le militantisme intersexe? Qu’avons-nous à offrir à la société si nous arrêtons quelques traitements médicaux et disparaissons à nouveau tandis que la société continue à nous catégoriser de force et insiste pour que nous respections des normes qui ne sont ni réalistes, ni naturelles, en utilisant violence et propagande sexiste pour conserver ce système inhumain?

Saturday, August 26, 2006

OII - Belgique et Luxembourg

Édith Nagant
Porte-parole francophone sur les questions intergenres

Européen-ne et libre-penseur-e.

De formation très éclectique, scientifique, littéraire, linguistique, avec de la psychologie, de la pédagogie, de la philosophie un peu de droit et de neurobiologie, des formations diverses, notamment à l’aide aux personnes, en soins palliatifs, en approche de la spiritualité …, Edith travaille à temps plein dans l’associatif. Milite pour le respect de la vie et contre la peine de mort, activiste dans les milieux de défense de l’environnement et de protection de la nature, activiste pour la paix et la non-violence, pour le respect des libertés et des différences, pour le respect des droits humains, en particulier pour
le respect des droits des enfants et des personnes de sexe féminin et d’apparence féminine.

Quand il le faut, combat les discriminations, … Edith a collaboré à la création, à la gestion et aux activités de comités d’éthique, d’associations de défense des droits des personnes, de soins palliatifs, d’accompagnement de personnes endeuillées, de soutien aux personnes homosexuelles, transsexuelles, intersexuées et intergenre …

Porte-parole de l’OII pour la Belgique et le Luxembourg,
représentant-e du RIFE (Réseau des Intersexué-e-s francophones d’Europe) pour la Belgique et le Luxembourg, administrateur-e du Réseau Intergenre-Intersexe.

Edith Nagant
Réseau InterGenre-InterSexe
http://www.intersexualite.org/F-Intergenre.html