Friday, September 22, 2006

Une première pour l’Europe

Les personnes intersexes et intergenres se réunissent à Paris

C’est à Paris qu’ont eu lieu les 1ères universités d’été des Intersexes et Intergenres d’Europe du 16 au 19 août derniers. J’y ai participé en tant que représentante pour la Belgique et le Luxembourg de l’OII (Organisation Internationale des Intersexes) qui existe depuis plusieurs années déjà et est présente dans de nombreux pays, et aussi en tant qu’administratrice du Réseau InterGenre-InterSexe. Ce Réseau a été créé il y a un an dans le but d’informer de façon générale ou plus spécifique sur les questions relative à l’intersexe et à l’intergenre, mais surtout pour que les personnes concernées, les familles, les partenaires, l’entourage aient un espace - même virtuel – où se rencontrer, s’exprimer et trouver un soutien solidaire.

Etre lesbienne, être attirée par les femmes, c’est ce que l’on appelle l’orientation sexuelle.

L’identité sexuelle, c’est le physique de la personne, c’est par exemple être une femme ou un homme. Ou être intersexe, quelqu’un entre les deux, comme c’est le cas des personnes qui ont des organes génitaux dits « ambigus », de certaines femmes d’apparence plus ou moins masculine, de certains hommes qui on l’air peu virils …

Le genre, c’est comment on se sent à l’intérieur : homme, femme, ou quelqu’un-e qui n’est ni l’un, l’autre. Ou un peu des deux. Ou homme et femme en même temps.

La plupart des personnes intersexes et/ou intergenres ne sont pas et ne se considèrent pas comme malades. Il s’agit d’une variation naturelle et d’une autre possibilité existentielle.

Il est difficile de chiffrer le nombre de personnes concernées. Au minimum, il s’agit de 1,5 à 4 % de la population, ce chiffre s’élevant jusqu’à 15-20 % selon l’inclusion ou l’exclusion de certaines conditions d’intersexuation.

Il est vrai que tout est fait pour que l’existence des intersexes soit rendue invisible : mutilations chirurgicales à la naissance, imposition d’un des deux sexes sans le consentement de l’enfant, traitement hormonal forcé, stérilisation non consentie, éducation forcée dans un des deux rôles sociaux binaires, non reconnaissance des échecs et des erreurs de ces pratiques par le corps médical, les services sociaux et éducatifs, les autorités judiciaires et politiques.

Humiliations, maltraitances, violences, viols, honte, exclusion et rejet font partie du quotidien d’un grand nombre.

Depuis quelques temps, les intersexes et intergenres se sont regroupé-e-s pour revendiquer le droit à l’autodétermination de leur identité de sexe et de genre, l’accès à des soins librement choisis et la reconnaissance de leur droit à une existence sociale et culturelle.

C’était donc une importante première que ces quatre journées sur la problématique de l’intersexualité, qui ont permis aux gens de se rencontrer et de s’exprimer. Pour certain-e-s, c’était la première fois de leur vie qu’i-elles rencontraient des personnes s’identifiant clairement (et fièrement !) comme intersexes et intergenres. Par ailleurs, il faut souligner la variété et la qualité des interventions aussi bien des représentant-e-s d’associations que des universitaires (anthropologues, sociologues, médecins, …) de divers pays comme la Suisse, la Grande-Bretagne, la France, la Belgique, le Luxembourg, le Québec, le Brésil.

La prochaine rencontre internationale sera organisée à Lausanne en septembre 2007.

Une émission de radio sur ces thèmes peut être écoutée sur internet sur http://bistouriouioui.free.fr/ (émission du 17 août).

(Ce texte a été publié dans la Newsletter du 20 septembre 2006 d’Activ’Elles www.activelles.be)

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